Erin Kissane, éditrice et rédactrice web américaine, a publié Stratégie de contenu web aux éditions Eyrolles en juin 2011. Il s’agit du troisième volume de la collection A Book Apart qui regroupe « les livres de ceux qui font le web« , comme le dit si bien l’éditeur.
Contrairement à ce que laisse penser son titre, il ne s’agit pas vraiment d’un guide pratique ni d’un manuel didactique pour apprendre à concevoir et à gérer une stratégie de contenu en ligne, mais plutôt une réflexion sur les origines d’un nouveau métier encore en devenir : l’expert en stratégie de contenu web.
Certes, on y trouve une synthèse – un peu convenue – sur les « principes fondamentaux d’un bon contenu » (un bon contenu est un contenu adéquat, utile, orienté utilisateur, clair, cohérent, concis et entretenu), ainsi qu’un inventaire – un peu rapide – des outils nécessaires à la gestion de contenu sur des grands projets web. Mais là n’est pas l’intérêt principal de ce livre.
Les 4 influences du web content manager
J’ai particulièrement apprécié la deuxième partie sur « le métier de la stratégie de contenu » qui cherche à remonter aux sources de cette profession nouvelle. Très intelligemment, Erin Kissane dresse l’arbre généalogique des experts en stratégie de contenu web et distingue 4 influences :
1. L’éditeur (ou editor en anglais) qu’on aurait pu traduire plutôt par rédacteur en chef. Celui-ci est capable de définir la ligne éditoriale de son journal, d’en maintenir la qualité éditoriale, d’écrire pour être lu par ses lecteurs, d’organiser le travail d’une équipe de rédacteurs, de programmer la publication.
2. Le conservateur (ou curator en anglais). Celui-ci sait sélectionner, classer, entretenir des oeuvres d’art pour les faire découvrir au public, amateur ou averti. Il sait « mettre en équilibre la compréhension du contexte dans lequel le contenu est créé et la compréhension du contexte dans lequel il sera lu et utilisé. »
3. Le marketeur ou responsable marketing. L’auteure montre que « de nombreuses méthodes et pratiques couramment utilisées en stratégie de contenu proviennent du marketing« , comme les principes de la rhétorique qu’on retrouve dans les argumentaires marketing ou l’évaluation de la performance des actions.
4. L’expert en sciences de l’information (ou architecte de l’information). On touche là aux racines techniques des métiers du contenu web. Ce dernier sait gérer des bases de données, créer des interfaces homme-machine, des plans de site, des arborescences de contenu.
Conclusion toute personnelle
Personnellement, je me sens surtout proche de la première influence, celle de l’éditeur, car j’ai été journaliste plus de 15 ans dans des magazines. J’ai conservé le respect scrupuleux de la langue française et des sources que m’ont inculqué mes années de khâgnes classiques. J’ai appris le marketing sur le tard quand j’ai repris mes études à l’université. Et les bases techniques du web sur le tas, en commençant à bloguer.
Bref, je me suis reconnue dans ce livre. Je l’ai trouvé très éclairant sur les sources de mon nouveau métier que j’essaye de pratiquer et d’inventer au quotidien : celui d’expert en stratégie de contenu web.
En savoir plus
Erin Kissane, Stratégie de contenu web, éditions Eyrolles, collection A Book Apart, juin 2011, 88 pages.
J’ai été assez déçu de ce livre, parce que justement j’ai pris ça pour un guide pratico pratique alors que ce n’est pas le cas. C’est publié chez Eyrolles qui nous a habitué a des choses plus concrètes. Bref, il y a tout ce qu’il faut pour décevoir le débutant. Et si vous n’avez jamais mis en place une stratégie de contenu, ce n’est pas par là qu’il faut commencer à mon avis. Peut être que ce livre sera utile à ceux qui ont un peu de bouteille dans la gestion de contenus.